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Des jeux d’argent aux machines à sous en ligne, les addictions aux jeux sont en hausse, détruisant des vies et causant de graves conséquences financières et sociales. Pour comprendre les rouages de cette terrible maladie, nous avons discuté avec François, un ancien accro aux jeux d’argent qui a frôlé l’abîme. Préparez-vous à plonger dans les profondeurs d’une addiction aux jeux d’argent.

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QUAND LE JEU N'EST PLUS UN JEU

Intervieweur : Bienvenue dans cette discussion sur les dessous sombres et tortueux de l’addiction aux jeux d’argent en ligne. Nous avons avec nous un ancien accro, François, qui a gracieusement accepté de partager son expérience. François, quand avez-vous commencé à parier ?

François : J’ai été initié aux paris sportifs il y a environ quatre ans, grâce à une simple publicité sur un arrêt de bus.

 

Intervieweur : Cela semble assez innocent. Vous souvenez-vous de votre premier pari ?

François : Oh oui, c’était un euro symbolique. J’ai gagné ce pari, gagnant une somme dérisoire de 2,50 euros, mais à ce moment-là, je pense que j’avais déjà commencé à alimenter une addiction naissante dans mon cerveau.

 

Intervieweur : Une addiction qui, je crois, a atteint des sommets alarmants. Pouvez-vous nous en dire plus ?

François : Effectivement. Au fur et à mesure, je jouais de plus en plus et augmentais les mises. Les pertes s’accumulant, je ressentais le besoin de récupérer cet argent, de jouer et de gagner plus rapidement. J’ai finalement basculé dans le casino en ligne.

 

Intervieweur : Quelle était l’ampleur de votre addiction au plus fort de cette période ?

François : Au sommet de mon addiction, j’ai misé jusqu’à 6000 euros par main au blackjack.

 

Intervieweur : C’est stupéfiant. Qu’est-ce qui vous poussait à continuer à jouer, même après avoir perdu tant d’argent ?

François : Au début, je jouais pour le fun. Mais une fois complètement addict, je jouais juste pour me sentir bien, pour me sentir vivant. Si je gagnais un pari, ou une main de blackjack au casino, je me sentais incroyablement bien. A l’inverse, quand je perdais, je me renfermais sur moi-même et mes proches ne comprenaient pas.

 

Intervieweur : Qu’est-ce qui vous a finalement fait prendre conscience de votre problème ?

François : J’ai finalement pris conscience de ma dépendance lorsque j’ai commencé à sombrer dans la dépression. Je me suis totalement plongé dans le jeu, car cela me permettait d’oublier mes problèmes réels. J’ai finalement arrêté de jouer il y a un an et demi, après avoir reçu une lettre de ma banque m’informant qu’ils allaient fermer mon compte. J’avais contracté pas moins de huit crédits pour jouer.

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QUAND LE JEU N'EST PLUS UN JEU

Intervieweur : C’est une histoire douloureuse, François. Il semble qu’il y ait une prise de conscience médicale autour de l’addiction aux jeux d’argent. Pourriez-vous nous en dire plus ?

François : Effectivement. L’addiction aux jeux d’argent et de hasard est désormais reconnue comme une addiction comportementale, ou une ‘addiction sans substance’. Cette maladie se caractérise par l’impossibilité de contrôler la pratique d’une activité. Une tension croissante se met en place avant de passer à l’acte et pendant la pratique, la personne ressent un plaisir ou un soulagement.

 

Intervieweur : Est-ce que cette maladie est bien comprise par la communauté médicale et le grand public ?

François : Il y a encore du chemin à faire. Comme le dit Juliette Hazard, une médecin addictologue, ‘L’addiction au jeu est une maladie chronique. Il faut le dire pour déstigmatiser. Ce n’est pas un manque de volonté de la personne.

 

Intervieweur : Il y a clairement un besoin de plus d’éducation et de compréhension autour de cette question. Par ailleurs, il semble y avoir une critique de la manière dont les publicités ciblent les jeunes et vulnérables. Que pensez-vous de cela, François ?

François : Certaines publicités pour les jeux d’argent visent en effet les publics vulnérables, notamment les jeunes. C’est une pratique déplorable. Comme l’association Addictions France l’a fait remarquer, les opérateurs de sites de paris en ligne encouragent des pratiques nuisibles à la santé en associant clairement le football à la consommation d’alcool et aux jeux d’argent.

 

Intervieweur : Pensez-vous que des mesures plus strictes devraient être prises contre ces pratiques publicitaires ?

François : Oui, absolument. En décembre dernier, une proposition de loi a été présentée pour interdire la publicité pour les paris sportifs afin de limiter les addictions qui peuvent en découler. C’est une étape dans la bonne direction.

 

Intervieweur : François, merci d’avoir partagé votre histoire avec nous. Espérons que cela contribuera à la prise de conscience sur l’impact des jeux d’argent en ligne et l’importance de réguler ces industries pour protéger les plus vulnérables parmi nous.